2018, un bilan culturel


Mais... Que se passe-t-il ? Antoine, où étais-tu passé ? Après près deux années et demi de silence, tu oses revenir sur ce blog que tu avais lâchement laissé à l'abandon ‽ Tu es vraiment né après la honte, sale chien.

Ouah, quelle accueil. Bah, bonjour, d'abord. En effet, qui dit nouvelle année, dit nouvelle résolution, et j'ai été pris de la velléité de reprendre l'écriture de manière plus active et plus régulière que je n'ai pu le faire ces dernières années. Assez naturellement, je me suis dit qu'il pourrait être de bon ton de relancer ce blog avec des textes peut-être moins recherchés et moins prise de tête dans un premier temps que ce que j'avais pu faire par le passé (le dernier article parle de l'attentat de Nice, ça devrait pas être trop compliqué de détendre l'atmosphère).

Donc, pour reprendre en douceur, je vous propose, un petit bilan culturel de cette année, à savoir mes découvertes littéraires, mes coups de cœur cinématographiques, mes pépites d'Internet... bref, tout ce que j'ai aimé en 2018. Je pourrais même vous raconter des trucs persos si je le sens, vous avez compris, on est à la cool.

Bouquins

J'ai eu une assez bonne année en terme de lecture, j'ai eu la bonne idée de mettre à profit mon temps de trajet entre chez moi et mon travail pour lire au lieu de glander sur mon smartphone. Vraiment, meilleure chose à faire.

Libérées !, Titiou Lecoq

Dans cette essai, sous-titré « le combat féministe se gagne devant le panier de linge sale », la journaliste Titiou Lecoq se pose cette question a priori anodine mais lourde de sens pour qui prend le temps de s'y pencher : pourquoi est-ce systématiquement elle qui ramasse les chaussettes qui traînent chez elle ? Partant de ce constat, elle déroule une analyse très fine et très bien documentée sur la place des femmes dans notre société et le rôle qui leur est dévolu. Elle y montre entre autres choses que la juste répartition des tâches ménagères est loin d'être acquise, et que de nombreux réflexes sexistes demeurent toujours sans qu'on y prenne garde, hérités des générations précédentes sans être remis en question.

Le ton par ailleurs très drôle de l'ouvrage rend la lecture très agréable. Je suis un grand fan à titre personnel de ce que produit Titiou Lecoq, et je vous oriente vers son blog et ses romans, Les morues et La théorie de la tartine, que j'avais adoré.

Au Bonheur des Dames, Émile Zola

Nous n'avons pas affaire ici à un jeune auteur qui débute, je pense que vous l'avez compris. Mais il n'est jamais trop tard pour découvrir ses classiques, et je dois admettre que les Rougon-Macquart sont largement sous-côtés ! Possiblement parce que son image est attaché à de mauvais souvenirs d'école chez la plupart des gens, rares sont ceux qui se replongent dans Zola une fois le lycée fini. Quelle erreur !

Dans Au bonheur des dames, on découvre à travers les yeux de Denise, une jeune provinciale fraîchement arrivée à Paris, l'essor des grands magasins et l'impact qu'ils ont sur les petits commerces alentours. C'est un régal à lire, l'œuvre est excellemment documentée grâce à un travail de recherche approfondi de l'auteur, ce qui permet des descriptions à la précision incomparable. N'hésitez plus, (re)plongez-vous dans Zola. Ce roman constitue une très bonne porte d'entrée pour découvrir ce qui constitue une des sagas littéraires les plus ambitieuses jamais réalisées (j'en ai lu 3 sur 20).

Gagner la guerre, Jean-Philippe Jaworski

Mon gros coup de cœur de 2018 : cela faisait bien longtemps qu'un roman ne m'avait pas à ce point emballé. Le style est formidable, l'univers est très bien détaillé et fouillé, témoignant d'un travail de documentation dingue, l'histoire est haletante du début à la fin.

L'histoire se passe dans un monde fictif, dont l'organisation politique et le niveau d'avancée technologique fait penser à la République romaine. On y suit les aventures d'un homme de main peu scrupuleux dans ses manigances au service de son maître. C'est un pur roman d'aventure, un peu teinté de fantastique (parlons même de fantasy). Je vous le conseille sans retenue, c'est une pépite.

Cyberstructure : L'Internet, un espace politique, Stéphane Bortzmeyer

Il s'agit d'un livre traitant des enjeux politiques liés à Internet. L'auteur commence par exposer des informations techniques sur le fonctionnement d'Internet (ou « l'Internet » dans le livre), depuis les basses couches matérielles jusqu'aux applications existantes, en passant par les différents protocoles. Il fait un certain nombre de distinctions utiles, notamment entre Internet et Web, et fait bien comprendre qu'Internet ne se limite pas uniquement à Facebook mais au contraire ouvre un champ de possibilités que l'utilisateur lambda peine à imaginer (et à comprendre).

Il s'appuie ensuite sur cette base pour mettre en relief des problématiques sur ce fonctionnement, comme les questions liées à la protection de la vie privée, les abus qui peuvent être fait par les gouvernements au nom de la lutte contre le terrorisme. Il montre également comment des décisions techniques prises concernant le fonctionnement d'Internet ont des conséquences sur le réseau et l'usage qui en est fait. Je le recommande chaudement, il ne s'adresse pas qu'aux spécialistes (au contraire). Les explications du début permettent à tout le monde de s'y retrouver, sans rien sacrifier à la rigueur sur le sujet.

Films

J'ai énormément été au cinéma l'an dernier, ce qui est probablement dû à l'explosion de mon pouvoir d'achat, cette dernière étant corrélée avec mon entrée dans la vie active. Une petite sélection tout à fait subjective, dépourvue de toute notion de classement :

Le Monde à toi, Romain Gavras

La première fois que j'ai vu la bande-annonce, je me suis dit « ça a l'air complètement délirant, c'est formidable ». Et dans les faits, c'est complètement délirant. Rien que cette phrase qui est le point de départ de l'intrigue, « Je veux développer la franchise MisterFreeze au Maghreb », c'est pas le meilleur pitch de l'univers ?

Partant de ce point de départ, s'enchaîne une succession de situations absurdes, avec l'assistance aimable d'Isabelle Adjani, Vincent Cassel et Philippe Katrine dans des seconds rôles parfaits. La bande son elle-même est top, alternant Booba, Daniel Balavoine et Jul.

L'Ombre d'Emily, Paul Feig

Le film n'a pas l'air d'avoir marqué grand monde car je ne le vois jamais mentionné dans les bilans qui paraissent en cette fin d'année, pourtant je l'avais surkiffé (passez-moi l'expression) quand je l'avais vu à sa sortie. C'est un thriller suivant une femme qui enquête sur la disparition d'une amie à elle. Les personnalités des deux protagonistes sont opposées, l'une étant une caricature de mère parfaite et l'autre un genre de femme fatale pleine de mystères.

Le ton du film est bien plus léger que ne peut le laisser penser la bande annonce, l'ensemble étant globalement assez drôle, sans rien ôter à l'intrigue. En bonus, la bande son est intégralement française, ce qui donne une tonalité très plaisante au tout.

Under the Silver Lake, David Robert Mitchell

Ce film est un de ceux dont on dit communément qu'ils sont compliqués à résumer. L'histoire se passe à Los Angeles, où Sam part à la recherche de sa voisine qui a disparu, alors qu'il vient tout juste de faire sa connaissance. S'ensuit une enquête aux rebondissements improbables et absurdes à travers la ville qui semble être le véritable sujet du film.

Je n'ai jamais traversé l'Atlantique mais ceux qui ont effectivement été à Los Angeles semblent s'accorder pour dire que ce film retranscrit avec fidélité ce qu'on peut ressentir dans cet endroit complètement fou où tout est possible et admis. Vous ne comprendrez peut-être pas tout ce que le film essaie de vous dire, mais vous ne passerez pas un mauvais moment (je vous dis ça d'un ton paternaliste mais j'ai pas tout compris non plus).

I feel good, Benoît Delépine et Gustave Kervern

Vous aurez compris, j'aime bien les films un peu chelous, avec une trame de départ qui n'est d'aucune indication sur le déroulé de l'histoire. Ici, nous avons Jean Dujardin qui joue un néo-macroniste immoral (que celui qui a dit « c'est pareil » se dénonce) qui vient s'incruster dans le centre Emmaüs où travaille sa sœur. Il est à la recherche de l'idée qui le rendra riche.

C'est très plaisant à regarder et très drôle. Dujardin joue parfaitement la tête à claques, et Yolande Moreau (qui joue sa sœur) est elle aussi parfaite dans son rôle.

Podcasts

Je suis pas un grand consommateur de podcasts, parce qu'à moins que le sujet de la discussion ne m'intéresse vraiment, je décroche très rapidement (comme les vidéos YouTube en fait, je suis vraiment un produit de mon époque, c'est tragique). Couplez cela à un besoin impérieux de me sentir en affinité avec les gens qui parlent, vous voyez comme l'équation est difficile. Néanmoins, j'ai tout de même réussi à trouver quelques pépites qui ont su faire chavirer mon cœur.

Studio 404

 En vérité ça fait un moment que je les suis mais comme c'est la première fois que je me livre à l'exercice du bilan c'était l'occasion d'en parler. Sous-titré « l'émission de société numérique », ce podcast rassemble quatre chroniqueurs et un animateur qui échangent sur les nouvelles tendances d'Internet, la façon dont les nouvelles technologies influent sur nos modes de vie et les grands débats qui traversent la technosphère. C'est pas du tout prise de tête, c'est très intéressant et parfois même très drôle. Les chroniqueurs, avec des profils différents les uns des autres, ont des points de vue pertinents qui donnent des discussions de bonne tenue.

Floodcast

Animé par Flober et Adrien Ménielle, acteurs et réalisateurs connus notamment pour leur participation à Golden Moustache, ce podcast n'a pas de ligne éditoriale bien définie. Il rassemble des invités qui discutent autour d'un sujet qui sert plus ou moins de fil rouge à l'émission. Ce qui est particulièrement plaisant ici, c'est l'ambiance clairement détendue qui s'en dégage. Les échanges sont régulièrement proprement hilarant, et le rire sait faire la place aux discussions tout aussi intéressantes sur des sujets variés. Parfait pour agrémenter vos soirées.

Game of Roles

Un podcast assez différent des autres rassemblés ici, il s'agit d'une émission de la JVTV (la web TV de Jeuxvideo.com, que je ne regarde jamais si ce n'est pour ça), qui consiste en une partie de jeu de rôle filmée. Le maître du jeu est FibreTigre, un chroniqueur de Studio 404 susmentionné, avec un scénario entièrement de son fait. Les épisodes sont passionnants à suivre, ça se regarde comme une série et le suspense est présent. Un grand bravo à FibreTigre pour le boulot de dingue que ça représente et sa capacité à rendre le truc aussi intéressant pour ceux qui jouent que pour ceux qui regardent.

Il y a actuellement deux scénarios qui se jouent en alternance chaque semaine et que vous retrouverez en intégralité sur YouTube. J'ai personnellement une nette préférence pour celui se déroulant dans l'univers d'Aria, dont vous trouverez le premier épisode dans le lien.

Au nom du pire

 Un podcast au concept assez simple : des invités et un sujet sous la forme « ton/ta pire *** » (par exemple, « ton pire job d'été »). Entre anecdotes des invités et intervention des auditeurs, comme à la grande époque des radios libres, c'est assez plaisant à écouter. Pas le concept de l'année mais c'est parfait pour s'occuper les oreilles quand on fait une tâche peu prenante intellectuellement.

Expériences diverses

Catégorie un peu fourre-tout sur des trucs que j'ai fait cette année.

Disneyland

Je n'avais jamais eu l'occasion d'aller au parc Disneyland quand j'étais plus jeune, et la vérité c'est que ça ne m'avait jamais trop manqué. Les films Disney ne m'ont jamais marqué outre-mesure et à vrai dire j'ai découvert certains classiques de la franchise assez tard. Toujours est-il que lorsque conséquemment à un jeu concours j'ai gagné des entrées pour y aller, j'étais piqué de curiosité et me décidai donc à embarquer ma fratrie dans cette aventure.

Mon avis rapidement : les attractions sont bien, mais le temps d'attente est beaucoup trop long et le prix d'entrée est vraiment prohibitif. Et c'est dommage que des gens avec peu de moyen préfèrent se sacrifier pour faire plaisir à leurs enfants et les emmener à Disney plutôt que dans d'autres endroits ayant une plus grande portée culturelle et beaucoup plus abordables.

Voyages

J'ai énormément voyagé cette année, essentiellement pour mon travail. J'ai visité pas moins de huit pays en 2018, en Europe et en Afrique pour des séjours excédant rarement trois ou quatre jours.

J'ai fait une carte !

La brièveté des séjours donne des expériences assez curieuses et quelques anecdotes décalées dans des locaux d'institutions bancaires africaines. J'ai pas toujours eu le temps de profiter des endroits où j'ai été, mais ça m'aura au moins donné un avant-goût pour y retourner peut-être un jour.

Mon premier site web

À l'occasion de la coupe du monde de football, j'ai développé un site web destiné initialement à mes collègues de travail pour faire des pronostics (je dis « initialement » parce que des gens que je ne connais pas s'y sont inscrits également). Ce fut ma première réalisation en la matière, à savoir un site web en PHP. Avec le recul, le code est vraiment dégueu, mais il faut bien commencer quelque part et c'est infiniment mieux que si je n'avais rien fait. J'ai pris beaucoup de plaisir à bosser dessus, et c'est très plaisant quand on acquiert une nouvelle compétence de voir tout d'un coup le champ des possibles s'ouvrir devant soi.

***

Ce sera tout pour ce bilan 2018 ! J'espère vous revoir très bientôt ici, je vais tâcher de me remettre à l'écriture en 2019, sans plan précis encore à l'esprit.

Je vous souhaite le meilleur pour l'année à venir !

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